vendredi 19 mai 2017

Autour des marais salants

dimanche 14 mai 2017
Organisatrices :  Pierrette et Anne (absente)
21 participants
dont 5 invités : Marie-Annick, Brigitte, Stéphanie, Véronique et Alain.
2 absents.

Entre mer et marais,
Salé, ça l'est !


Youpie, il fait beau !
Sur les coups de 10h, tout le monde se retrouve à Terre de Sel, pour siroter un p'tit café ou thé et croquer des biscuits par-ci par-là...
 C'est parti pour une journée placée sous le signe du sel.
 À 10h15, Sandrine, notre paludière (et chef d'exploitation), nous emmène au bord d'une saline. Enthousiaste, dynamique et gaie, elle nous expose tous les tenants et aboutissants du cycle de "l'or blanc" dont l'exploitation recouvre 450 ha de marais salants.
le plan d'une saline
la coupe d'une saline

Le circuit de l'eau : vasière > cobier > fares > adernes > œillet... ouf !



Sandrine nous explique que la formation du sel dépend d'une multitude de facteurs naturels : le soleil, le vent, la mer, la température de l'air, mais aussi la nature du sol, ici en argile, garantissant l'imperméabilité des bassins, et donnant au sel un goût et une teinte caractéristiques ; dernier facteur, l'intervention, bien sûr, de l'être humain.

Sous l'eau, l'argile...
Mais que font ces bipèdes sur mon territoire ?...


Sous le regard distant d'un bel héron cendré qui fait les cent pas autour de nous, nous admirons cette "technique de travail traditionnelle solaire" qui est à 99% manuelle, grâce à un ingénieux système du circuit de l'eau de mer dans les bassins, mis au point par les moines bénédictins de Landévennec dès 945.
Pour en savoir plus, voir l'article de Wikipédia sur Batz-sur-mer.
De la vasière (35 cm de profondeur, où anguilles et mulets régalent les oiseaux), jusqu'aux œillets où se récolte le sel, 3 semaines sont nécessaires après bien des étapes pour favoriser l'évaporation de l'eau et la concentrer en sel. C'est une surveillance de tous les instants, jour après jour durant la belle saison, où la météo joue un grand rôle, conjuguée à celui essentiel des marées. On considère que l'on peut recueillir 35g de sel par litre de mer.
Pour vivre de cette activité aléatoire en rendement, il faut 3 bassins (environ 70 m2 chacun) de 20 œillets chacun et une récolte de 1,5 tonne de sel par bassin.
Regardez !!
Mais que nous montre-t-elle ? Ahlala, une algue verte, la limu, non toxique mais invasive, embête bien les paludiers. Solution ? Peut-être dans l'industrie du cosmétique ! Autre "mauvaise herbe", la salicorne. Appréciée ou rejetée, elle ne fait pas l'unanimité pour sa consommation, mais est récoltée en juin par les salicorniers.

On écoute Sandrine donner le las !
Et les outils?
Récolter le sel demande patience, persévérance, force et amour du travail bien fait. Notre paludière s'y entend à manier le las, avec ce long manche flexible de 5m en fibre de carbone. Toute une technique !
La lousse demande de la dextérité pour cueillir la fleur de sel.
Une bonne brouette véhicule tout ce sel en un mulon.
La lousse








Sandrine, passionnée par son activité,  nous présente un échantillon du fruit de sa récolte : le gros sel et la fleur de sel.
Ça, on connaît !  Le gros sel pour la cuisson, et la fleur de sel dans notre assiette.
Mais comment les récolte-t-on l'un et l'autre ? Le gros sel, cristal de forme de cube, tombe sur le fond d'argile, mais la fleur de sel, cristal en forme de pyramide, flotte à la surface et est cueillie le soir (c'est son heure !) avec beaucoup de soin, à condition : qu'il fasse beau, que le vent soit d'est, et qu'il y ait peu de nuages... Délicate, voyez-vous !
On l'appelle aussi "sel de bonne femme" ou "sel menu"...
Gros sel ou fleur de sel ?
Quant à la production, il faut compter environ, par œillet et par jour, 50 à 100 kg de gros sel et 2 à 3 kg de fleur de sel... Le prix s'en ressent : 1 à 1,5€ pour le gros sel et 15 à 20€ pour la fleur de sel !
Stocké à la coopérative (qui regroupe 200 paludiers dont 18% de femmes), le sel sèche naturellement durant 3 ans.
Aujourd'hui l'activité bénéficie d'un regain de commercialisation qui suscite des vocations (Ecole technique à La Turballe), après une période où le métier de paludier faillit bien disparaître...

La visite, intéressante et animée, se termine et l'heure du déjeuner se fait sentir. Merci Sandrine !

À nos voitures !
Direction Batz-sur-mer pour pique-niquer en bord de mer. Mais avant, à l'entrée de Batz, une pause s'impose devant l'imposante "cathédrale de sel" (1888) en granit où 12000 tonnes de sel peuvent y tenir.
La salorge est ouverte...
Jetons-y un œil...

Dans la joie générale, on trinque à l'anniversaire de Jean, on pique-nique au soleil et on admire la mer..
Bon anniversaire Jean !

Déjeuner sur l'herbe...

Tiens, une course de rollers à Batz !
En avant, la route du sel continue !
Vous avez dit paludier ? Eh bien, faisons escale à Kervalet, village typique de l'habitat paludier, où les maisons, serrées les unes contre les autres, offrent un fronton triangulaire ou curviligne, dont la lucarne ouvrait sur le grenier à fourrage ou à grains.
Le paludier à l'ancienne, mais toujours là !
L'excellente crêperie Fleur de Sel se trouve juste à côté de la chapelle.
La chapelle St Marc du XVe est au cœur du village, en granit, avec sa croix du XIIIe et ses cupules gravées dans la roche.

Le paludier sur vitrail.
En voiture, Simone !
Une autre petite route sinueuse nous fait retraverser les marais pour atteindre cette fois la pointe de Pen Bron. Sur le chemin qui mène à la pointe, nous bifurquons vers un lieu caché par la dune, c'est un cimetière d'enfants lié à l'histoire du lieu.
Après avoir été le site d'une conserverie de sardines pêchées à La Turballe en 1824, les locaux abritaient, 63 ans après, un sanatorium à l'initiative de Hippolyte Palu, destiné à soigner les enfants atteintes de tuberculose osseuse.
Les formalités de décès étant compliquées (papiers à La Turballe, puis transport des corps en canot au Croisic) il fut décidé de créer ce cimetière dans la dune à partir de 1901.
 
A ce propos, l'écrivain Bernard Clavel, auteur de Fleur de Sel, écrit ces quelques lignes poétiques et touchantes (en annexe).
Lecture...
 Nous poursuivons la balade tout autour de la pointe, avec vue sur le traict du Croisic, et l'océan...

 

... non sans avoir cédé à la tradition du pot de l'amitié que nous prenons sur la terrasse de l'hôtel *** de Pen Bron
labellisé Tourisme & handicap, Logis et Les pieds dans l'eau.
Et c'est sur cette vue marine, à marée montante, que nous bouclons la boucle qui nous a fait faire le tour des marais salants de Guérande.

Rendez-vous en juin,
du 23 au 26
week-end au Pays de Guer
par Chantal & Nicole

N.B. Annexe. 
Préface du livre Fleur de Sel, les marais salants de la presqu'île guérandaise. (Edition du Chêne-1975, réédition en 1985, introuvable aujourd'hui).

" A deux ou trois sabotées au nord de Pen Bron, vous découvrirez un jardin d'enfants, plus émouvant que tous les crépuscules.

C'est un petit enclos, entouré de granit et d'une haie de fusains taillés ras, et qui sont là pour que le vent ne morde pas directement le sol, pour que ce jardin ne s'ensable pas trop rapidement.

Un tamaris torturé par le souffle puissant de l'océan marque l'entrée. Six marches de pierre descendent à la grille qu'on ne ferme jamais.

Les enfants qui sont ici ne s'en iront pas, et nul ne viendra les déranger.

Au centre de l'enclos, une religieuse de quatre-vingt-six ans veille sur eux qui dorment, en écoutant la grande voix de la mer.

 Chacun a son petit rectangle de sable entouré de planches. Une croix de bois peinte en blanc y est plantée qui porte une date, un âge et un nom. Ils sont là, une centaine. Roger, cinq ans ; Yvette, deux ans ; Simon, dix ans ; Christiane, trois ans; Françoise, six mois ; Denis sept ans... Ils ne sont pas tristes. Ils ont cessé de l'être. Ils ont le sable et le soleil, et cette bonne sœur qui ne les quitte pas, qui leur montre sans doute des chemins de lumière, des sentiers sans épines et bordés de fleurs plus lumineuses que celles de l'ajonc doré, plus parfumées que les minuscules points multicolores de cette flore des marais où viennent butiner quelques abeilles sauvages. "


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